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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 21:36

Pourquoi la réforme des temps scolaires mise en place dans le cadre de la loi pour la refondation de l’école est dangereuse pour les élèves, délétères pour les enseignants et les établissements scolaires et ingérables par les collectivités territoriales ?

Son premier objectif était d’alléger les journées scolaires des élèves et de réduire les temps scolaires à 5h30 par jour.

Résultats les enfants, qui arrivaient avant le temps scolaire, continuent à arriver à l’école avant le temps scolaire et repartent le soir après les Temps d’Animation Périscolaires ou TAP et les garderies, soit vers 18h, 18h30. Leur journée ne s’est pas raccourcie car lorsque le temps scolaire fini vers 15h 15H30, les parents eux n’ayant pas fini leur journée de travail,  les enfants sont inscrits aux TAP. En supposant qu’ils ne restent pas après ce moment-là, ils quittent donc l’école à peu près à la même heure qu’avant en n’ayant pas fini leur journée de travail puisqu’ils doivent faire les devoirs et apprendre les leçons. Sur le plan des temps passés à l’école aucune diminution.

Un deuxième objectif était de donner du temps aux élèves pour apprendre c'est-à-dire d’avoir 5 demi-journées par semaine de travail scolaire.

C’était oublier que mettre en place un emploi du temps pour les animations c’est pas facile. Exemple : dans une grande ville de France (donc avec un effectif d’élèves très important) les enfants ont classe le lundi, le mardi, le mercredi matin, le jeudi et seulement le vendredi matin puisque le vendredi après-midi est libéré pour les TAP. Aucun étalement des apprentissages sur la semaine, condition importante pour laisser du temps aux élèves pour comprendre et donc apprendre. Dans d’autres villes, les TAP ont lieu après 15h30 tous les jours sauf le mercredi. Dans une autre très grande ville de France, selon les arrondissements, les TAP ont lieu une demi-journée étalée sur toute la semaine de la semaine, du lundi au vendredi. Imaginons l’enfant qui commence sa semaine de classe avec son enseignant le lundi matin et qui le lundi après-midi est avec d’autres adultes sur d’autres projets. ET il était dit qu’il ne fallait pas créer des ruptures durant la semaine, ce qui a justifié le choix du travail le mercredi matin ! Quasiment autant d’aménagements différents que de communes qui ont mis en place des organisations contraintes et très couteuses sachant pertinemment qu’ils faisaient des choix en contradiction avec l’objectif annoncé de la réforme. Car comment peut-on imaginer dans ces conditions que cette réforme permette aux établissements scolaires de tendre vers une réelle égalité quant à la possibilité de suivre une scolarité heureuse pour tous les élèves de France ?

Pire encore. Certains élèves dans certaines villes de France et pas des plus petites (celles qui ont choisi de faire une pause méridienne de 2h30) ont désormais sur la journée plus de temps avec les animateurs qu’avec les enseignants .Est-ce normal quand les enquêtes internationales soulignent les niveaux scolaires des élèves français peu glorieux. Les enfants ne viennent plus à l’école pour apprendre avec leurs enseignants mais pour vivre des activités!

Un objectif annoncé était de permettre aux élèves de construire des compétences du champ de la culture qu’ils ne pourraient rencontrer sans cette réforme.

Objectif intéressant qui pourrait être atteint si les animateurs avaient reçu un outil indispensable pour concevoir les activités qu’ils proposent aux jeunes. En effet, je voudrais souligner le manque de référentiels d’objectifs éducatifs pour les animateurs. Privés de cette base pour concevoir les activités proposées aux jeunes, ils leur demandent, par exemple, de travailler en animation des champs de l’histoire ou de la production d’écrits alors que ces contenus d’activités sont associés à des savoirs scolaires qui devraient être transmis par des enseignants qui eux ont été formés dans ce but.

En bref il est intéressant de se demander à qui profite cette réforme ?

Ni aux élèves, ni aux enseignants ni aux établissements scolaires, ni aux personnels, ni aux ATSEM, ni aux collectivités territoriales, ni ………..

 

 

 

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Présentation

  • : Ergonomie, Ecole, Efficacité
  • : Nicole Delvolvé était enseignant chercheur à l'Université de Toulouse. Elle est spécialiste en ergonomie appliquée aux situations d'apprentissages scolaires et participe à l'aménagement des meilleures conditions de travail possible dans les établissements scolaires pour la réussite de tous. Temps, espaces, pédagogies, didactiques. nicole .delvolve@gmail.com
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